Faites vous confiance !

Aujourd'hui, je tiens à réagir aux multiples injonctions que nous subissons au quotidien en tant que jeunes parents.

Cet article a vocation à être caricatural et un peu sarcastique. Même si il est inspiré de choses lues et entendues, les propos sont volontairement amplifiés dans le seul but de faire réagir. Mon but est de redonner confiance aux parents, notamment en leurs compétences parentales et leur "instinct". J'en ai raz le bol de cette "guerre des clans" et de ces injonctions en escalade qu'on subit au quotidien en tant que parent. Aujourd'hui, je veux faire prendre conscience de l'absurdité et de la violence de la situation.

Il y a d'un coté le clan de tata Lucette et ses copines casse bonbons, vous savez, celles qui vous expliquent qu'il faut absolument laisser hurler bébé car ça va lui "faire les poumons", ou encore que le bébé est un emmerdeur et que si vous ne vous imposez pas dès la naissance, il va vous emmerder toute votre vie... On nous explique qu'il est indispensable de punir le moindre pet de travers du jeune enfant, y compris pusieurs heures ou jours après la bêtise. En gros dans ce clan, on vous explique que le bébé / l'enfant doit être soumis à l'adulte, qu'il ne sais rien et surtout pas ce dont il a besoin, voire qu'il n'est rien d'autre qu'un objet bruyant. Surtout attention, si on ne suit pas ces conseils, on va le regretter toute notre vie et notre enfant sera un tyran a-social, condamné au malheur a vie. 

De l'autre coté, il y a le clan des mères parfaites, celles qui vous expliquent que si vous grondez un enfant, ou le laissez pleurer, ne serai-ce que 10 secondes, il va sécréter du cortisol qui va lui bousiller le cerveau a vie! Ce clan nous explique que les parents qui veulent le bonheur de leur enfant doivent absolument éviter tout malheur à la tendre jeunesse afin d'en faire de futurs adultes épanouis et heureux, et ce quel qu'en soit le prix à payer. Ici on nous explique que toute contrariété ou stress va nuire à l'enfant. Ces propos peuvent aller jusqu'a pousser certains parents à être soumis aux 4 volontés leurs enfants et en oublier leurs propres besoins. Si on ne suit pas leurs conseils, cela aurait pour résultat d'en faire un abruti sans aucune confiance en lui, condamné à etre malheureux à vie et surtout a-social. 

Si on résume, d'un côté tata Lucette et ses copines nous expliquent que les besoins du parent passent avant tout et que le bébé n'a qu'à s'adapter, que de toute manière, sinon les parents ne tiendront pas dans la durée et l'enfant n'aura aucune connaissance des codes sociaux. De l'autre côté, les mères parfaites nous expliquent qu'un bon parent doit sacrifier ses propres besoins pour que chérubin, qui est l'avenir, puisse se construire car l'enfant a besoin de tellement d'amour pour se construire qu'il ne peut en être autrement.

Cette carricature est évidemment déclinable dans tous les domaines de la parentalité

Oui, je le rappelle, pour ceux qui ont pas lu le début, je suis dans la carricature grotesque. 

Les deux clans ont pas mal de points communs :
 - Ils prétendent détenir la vérité absolue : si on ne suit pas leurs conseils, notre enfant deviendra un adulte a-social et malheureux ; 
 - Ils prétendent se baser sur des données scientifiques (neurosciences), cliniques et médicales ;
- Ils ont des militants qui écrivent des livres et des psys qui font appliquer leurs méthodes en pétendant au succès assuré ; 
- Leurs propos sont totalement carricaturés par les médias et les réseaux sociaux, en allant parfois jusqu'aux contresens les plus grossiers (d'ou le fait que je carricature moi aussi ^^) ; 
- L'information qui arrive au parent est injonctive, infantilisante et culpabilisante. 

Alors, que faire? Que penser? 

C'est là où je vous dit : FAITES VOUS CONFIANCE ! La vie n'est pas une carricature.

Oui votre enfant est un être vivant avec des besoins qui demandent à être écoutés, et oui les neurosciences ont prouvé la nécessité de l'attachement.... Mais il ne faut pas non plus oublier qu'en tant que parent, on est aussi des êtres humains, on a aussi des besoins. Nos besoins en tant que parent sont tout aussi importants que ceux de nos bébés. Un enfant a besoin de comprendre que pour sa sécurité il doit respecter certaines règles de base et que le respect de l'autre n'est pas une option. De plus, un parent qui s'oublie à l'épuisement va finir par tomber en dépression du post partum ou en burn out, il ne sera alors plus en capacité de s'occuper correctement de son enfant : et c'est un veritable fléau (attention les causes de ces pathologies sont multiples, l'épuisement en est une mais il y en a d'autres). 

Petit apparté sur la définition de la bienveillance qui est si chère à mes yeux mais tellement galvauée et déformée. La bienveillance viens du latin benevolens, qui signifie "vouloir du bien". Comment peut on reprocher a quelqu'un de vouloir le bien? Comment peut on dire que la bienveillance est mauvaise et "fais des ravages" (entendu par un psy lors d'une émission radio...)? Comment peut-on dire que tous les enfants n'ont pas besoin de bienveillance (lu sur les réseaux...)? La recherche du "bien" dans l'éducation n'est pas une carricature mais ce qui va permettre à l'enfant de se construire et de s'épanouir. En voulant le meilleur, on cherche forcément le "bien" donc la bienveillance. "Vouloir le bien" est je pense ce qu'on cherche tous pour nos enfants. On a tous besoin aussi que les autres nous veuillent du bien. Oui il faut être bienveillant envers son enfant, mais aussi envers soi-même, ou son conjoint... Toute personne a le droit à la bienveillance. C'est peut être utopique ou carricatural, mais si on apprends tous à être bienveillants et ampathiques les uns envers les autres, le monde irait sans doute mieux non ? 

Un parent en pleine forme avec beaucoup de relais et tout le village* qui l'entoure va pouvoir combler tous ses besoins plus facilement et donc être plus disponible à son bébé qu'un parent avec zéro relais. Tant qu'on a l'énergie d'accompagner son enfant, c'est l'ideal, mais il faut connaitre ses propres limites et les respecter. Nous sommes tous différents et donc avec des limites différentes. 

Si le freetyle c'est pas votre truc et que vous avez besoin d'être guidés :
- je vous recommande de choisir des livres qui vont parler du développement et des besoins du bébé / jeune enfant, cela permets d'être informé tout en gardant son libre arbitre;
- les conseils sur les réseaux sociaux ne prennent pas en compte votre situation et sont, trop souvent, donnés rapidement par des personnes qui n'y conaissent pas plus que vous;
- les accompagements personnalisés sont parfois très pertinents, justement car ils sont personnalisés et que la personne que l'on a en face prends la situation dans son ensemble. 

Personellement, c'est la découverte de la posture de l'éducateur selon Maria Montessori qui m'a beaucoup aidée, elle invite à la bienveillance mais aussi à la tempérence. Pour elle l'enfant est un véritable être humain et doit être traité comme tel. C'est grâce au respect qu'il a confiance en l'adulte puis en lui même. Par l'attitude de l'adulte, l'enfant est certain que le respect de ses besoins et de ceux des autres sont garantis, l'adulte est garant de ce respect. Par exemple, si on laisse un enfant taper un autre enfant (ou un adulte), alors la personne tapée n'est plus respectée. Si on laisse un enfant taper, qu'est ce qui lui garanti à cet enfant, qu'un jour on ne laissera pas quelqu'un d'autre le taper? Maria Montessori invite donc à un respect mutuel, elle défini la bienveillance comme étant la liberté dans un cadre. Si il n'y a plus de liberté, alors on tombe dans l'autoritarisme et si il n'y a plus de cadre on tombe dans le laxisme. Le cadre doit être simple, logique, clairement défini et s'applique à tous (ca va avec la logique). Il n'y a pas de cadre idéal, il y a celui que vous définissez. 

Maria Montessori explique aussi qu'il n'y a pas d'éducateur ou de parent parfait et même que la perfection n'est pas souhaitable! Ouais, ca j'adore.... On se déculpabilise à fond là! En effet, comment un enfant pourrait-il avoir confiance en lui si les adultes qu'il cotoyent sont parfaits et infaillibles. Elle nous invite donc à expliquer à l'enfant, même très jeune, qu'on est fatigués, que ce n'est pas de sa faute, puis à inviter l'enfant à cooperer pour que ca se passe au mieux. Elle nous invite aussi à respecter le cadre, et notamment à savoir nous excuser / demander pardon lorsqu'on fait une bourde. 

Nous sommes, tous en chemin, personne n'est parfait, ni tata Lucette, ni les mères parfaites, par contre, vous connaissez votre enfant et vous même mieux que personne, c'est pourquoi, vous seuls savez ce qui est bon pour votre famille. 

* référence au proverbe Africain "Il faut tout un village pour élever un enfant.